Les frais illégaux ou abusifs : Une faille importante de notre système public de santé et de services sociaux
Montréal le 13 décembre 2012 – Le comité de lutte en santé de la Clinique communautaire de Pointe-Saint–Charles dénonce la multiplication des frais illégaux ou abusifs lors des visites chez les médecins. Pendant la conférence de presse tenue aujourd’hui dans ses locaux, la Clinique a fait la lumière sur cette situation préoccupante grâce au témoignage de plusieurs citoyens et citoyennes du quartier.
Des pratiques scandaleuses
Gabriel S. a dû débourser 40$ pour des gouttes lors d’un examen ophtalmologique. « À la pharmacie du coin, ces gouttes ne coûtent qu’un dollar » s’indigne Gabriel, qui a fait une plainte au Collège des médecins du Québec. « Quelques mois plus tard j’ai reçu, par la poste, un chèque de 20$ de la part de l’ophtalmologiste, sans aucune explication. Mais combien de milliers personnes ne disent rien ou ne sont pas capables de se défendre? ». Et combien empochent les médecins en cabinet privé ?
Une infirmière de la Clinique raconte qu’une jeune patiente a dû débourser 75$ pour des médicaments et un agent anesthésique pour l’excision d’une tumeur non cancéreuse sur le nez. Après vérification auprès de quatre pharmaciens du quartier, le coût réel payé par les dermatologues se situe entre un dollar (1$) et neuf dollars (9 $). La jeune patiente aurait donc pu être facturée jusqu’à 75 fois le coût réel!
Selon Luc Leblanc, coordonnateur de la Clinique communautaire, « les surfacturations ne font qu’accroître les inégalités de santé. Les témoignages d’aujourd’hui sont la preuve que l’accessibilité et la gratuité de notre système de santé public sont menacées. La logique de l’utilisateur-payeur s’installe, et de plus en plus, chaque citoyen, chaque citoyenne paie directement de sa poche pour obtenir les soins de santé ».
Mettre fin à ces pratiques
Malheureusement, d’après la loi, les médecins pratiquant en cabinet privé ont le droit de facturer le coût des agents anesthésiques et autres médicaments, ce sans aucune limite quant aux frais chargés. La docteure Camille Gérin, vice-présidente de Médecins québécois pour le régime public (MQRP), insiste : «Il est urgent que la RAMQ intervienne pour protéger l’accès gratuit aux services médicalement nécessaires. Les patients et les patientes sont pris en otage. Il faut que cesse cette surfacturation ! » Pour sa part, Jacques Benoit, coordonnateur de la Coalition Solidarité Santé, déclare que « la santé n’est pas une occasion d’affaires. Quand on est malade, on n’est pas en état de magasiner ni de négocier! »
Les remèdes de la Clinique pour lutter contre les surfacturations
Alain Chaurette, citoyen du quartier et membre du comité de lutte en santé, annonce que la Clinique continuera à se battre pour abolir les surfacturations. « C’est abusif, injuste, et nous demandons au gouvernement du Québec d’agir dans les plus brefs délais. Des solutions existent ! ».
Nos remèdes :
- Tous les soins médicalement requis, incluant l’utilisation des médicaments et des agents anesthésiques en cabinet privé, doivent être couverts par notre système public et financés par un système d’impôt progressif.
- Des pénalités doivent être instaurées envers les médecins fautifs dans le cas de facturation illégale ou abusive.
Photos de la conférence de presse
Revue de presse
- Le ministre Hébert appelé à contrer la surfacturation en clinique privée, Radio-Canada, 13 décembre 2012
- CBC News Montreal, 13 décembre 2012 (vidéo)
- Patients charged ‘abusive’ fees at public health clinics, CBC News, 13 décembre 2012
- Frais accessoires en santé – Les patients s’estiment toujours pris en otage, Le Devoir, 14 décembre 2012
- Dépenses imposées par les médecins :Des patients dénoncent des frais abusifs, Agence QMI, 13 décembre 2012
- Halte à la surfacturation dans les cliniques privées, Journal Métro, 13 décembre 2012
- Des médecins s’en mettent plein les poches tout en travaillant à la privatisation, Agence de presse libre de la Pointe, 13 décembre 2012