Jean-Guy Dutil: une figure incontournable du quartier et un grand homme nous quitte

Notre ami et confrère Jean-Guy Dutil est décédé le 21 avril 2021 à l’âge de 89 ans. Ancien forgeron du CN, il a participé à la mobilisation populaire à l’origine de la Clinique: il en a été le premier coordonnateur, le chauffeur du mini-bus, membre du conseil d’administration puis, récemment, participant d’un comité de travail visant à mettre en valeur son histoire. Présent à toutes les assemblées générales, il aura été de tous nos combats. Notre Clinique, il l’a défendue contre vents et réformes. Il l’a racontée à quelques générations d’employé.e.s avec amour, humour et nombre d’anecdotes inoubliables. Sa contribution, inestimable, a été reconnue en 2013 lors de la désignation d’une salle qui porte son nom.   Citoyen engagé, il a milité toute sa vie contre la pauvreté et pour la justice sociale. Soucieux de la pérennité des valeurs de solidarité et des acquis du quartier, il était préoccupé par la relève. C’est d’ailleurs ainsi qu’il nommait affectueusement les citoyen.ne.s et travailleur.euse.s engagé.e.s de son quartier. Parmi les projets communautaires qu’il avait à coeur, les Archives populaires, puis la Cité des bâtisseurs, un OBNL d’habitation pour ainé.e.s qu’il a porté avec ses complices de longue date. Il y a habité et a continué à s’y investir comme membre du conseil d’administration.   C’est une figure incontournable de notre quartier et un grand homme qui nous quitte. Nous lui devons beaucoup!   Nous souhaitons lui rendre hommage en publiant vos témoignages sur cette page de notre site web.  N’hésitez pas à nous les faire parvenir à: genevieve.lambertpilotte@ssss.gouv.qc.ca  

Nos plus sincères condoléances à ses proches.   

Quelques beaux souvenirs

Témoignages

À la mémoire de Jean-Guy Dutil, un modèle sans égal de la solidarité citoyenne de Pointe-Saint-Charles!

Écrire ces mots que tu ne liras pas m’est difficile, cher Jean-Guy. À la simple évocation de ton nom, même après plusieurs semaines, mon écran d’ordi s’est tout embué. Mes pensées et mes souvenirs s’emmêlent et tournent en désordre dans un brouillard tout gris qui a pris place autour de moi.  Les émotions sont grandes et les mots bien maladroits je trouve pour tenter de les évoquer. C’est peut-être pourquoi ils ont mis tant de temps à venir chez moi.

Désormais, il nous faut accepter que nous ne te reverrons plus, cher Jean-Guy, et surtout, que nous n’entendrons plus jamais résonner cette voix à la musicalité et au timbre si chaleureux et rassurants. Une voix singulière projetant droit devant des mots de tous les jours, forgés et frappés à l’enclume du vécu et à légitime espérance de justice sociale pour tous. Une voix, qui fera encore longtemps écho, on espère, dans les nombreuses salles de réunions de Pointe-Saint-Charles où nous avons eu le privilège de l’entendre si joliment valser en portant une parole qui, elle, allait invariablement toujours droit au but. Une parole signifiante qui toujours disait et touchait.

Des cascades de mots qui se présentaient parfois à la sortie dans une joyeuse bousculade, mais qu’on savait toujours porteuse d’une profonde et sincère réflexion quand il s’agissait de nous mobiliser contre les inégalités sociales et les injustices. Des interventions bien senties, souvent toutes en pointes ricaneuses et joyeuses, mais témoignant à chaque fois avec éloquence de ton engagement indéfectible envers tes concitoyens, concitoyennes. Autant de variations musicales et d’arabesques flûtées de cet oratorio de solidarité humaine que tu as patiemment composées au fil du temps, d’intervention en intervention, de comités en assemblées, de luttes en mobilisations, cher Jean-Guy. Mises bout à bout, ces innombrables interventions ont fini par former une longue œuvre vocale rassembleuse et inspirante qui raisonnera joyeusement pour encore longtemps dans nos mémoires.

À travers ces nombreuses années, difficile de synthétiser en peu de mots la ligne directrice de ta pensée qui guidait ces interventions pour honorer ta mémoire, mais je résumerais ainsi ce qu’elle était pour moi, cher Jean-Guy: 

La lutte pour l’amélioration de nos conditions de vie et de santé doit bien sûr passer par notre solidarité collective, c’est indéniable. Et il faut, cent fois sur le métier, jour après jour, y consacrer temps et énergie pour que celle-ci progresse et s’épanouisse dans les consciences de nos concitoyens et concitoyennes. Mais, il faut aussi ne jamais perdre de vue que pour se développer cette solidarité doit d’abord s’incarner dans la nécessaire et incontournable lutte quotidienne pour l’amélioration des conditions de vie et de santé des moins favorisés d’entre nous. Pas d’amélioration concrète de leur sort, pas d’amélioration du nôtre non plus et ni, par conséquent, de l’ensemble de la société! Pour moi, ce sont les deux pattes indissociables qui faisaient marcher ta pensée et ton action et que je retiendrai de ton inébranlable engagement personnel pour un monde meilleur et plus juste, cher Jean-Guy.

Bien sûr, ce ne sont pas les mots (ni leur ordre de présentation, bien sûr…) que tu aurais choisis pour les présenter, mais j’espère qu’entre ceux-ci, certains y sentiront encore un peu de ton souffle.

Cette pensée, on la savait longuement murie tellement elle s’était frottée à de multiples luttes et expériences humaines de solidarité, dans lesquelles tu t’es toujours impliqué sans compter ni temps, ni énergie. Évidemment, pour ceux et celles qui ont eu la chance de te côtoyer durant plusieurs années, le projet de la Clinique communautaire restera pour moi la plus emblématique d’entre toutes ces belles réussites collectives pour le développement social et communautaire du quartier Pointe-Saint-Charles.

C’est fou combien la population, les organismes de ce quartier et la société québécoise en général, t’en doivent aujourd’hui grandement reconnaissance, cher Jean-Guy!

Il nous faudra donc mettre beaucoup de temps pour nous consoler collectivement de ton inéluctable départ et dresser patiemment ensemble le bilan de ce grand legs d’engagement que tu as laissé au fil de ce riche et unique parcours de solidarité auprès de tes concitoyens et concitoyennes et dans l’âme de ce quartier de la Pointe-Saint-Charles qui t’était si cher.

Pour tout cela et pour la généreuse, joyeuse, droite et belle personne que tu étais Jean-Guy, un simple merci aussi grand et chaleureux que ton cœur et ton engagement l’ont été envers nous!

Pour tes proches et tes enfants dont tu étais si fier, mes plus sincères condoléances.

Solidairement,

Luc Leblanc, employé de la Clinique pendant 24 ans, dont 11 à sa coordination générale.

J’ai le cœur serré. Jean-Guy était un homme au regard humain. Il nous a apporté et appris que défendre avec force nos convictions, nos valeurs de justice dans la solidarité ont permis de développer une mission et une vision communautaire de la Clinique. La Clinique perd un pilier, un bâtisseur, un grand croyant de l’égalité et du respect des différences. Citoyen actif et dévoué, son appartenance au quartier, ce lien vivant donnait un sens a sa vie. Merci Jean-Guy et bon voyage.

France Langelier, infirmière aux services courants xx

Jean Guy était pour moi un modèle d’engagement citoyen et un ami inspirant. Il est un grand bâtisseur qui a marqué l’histoire communautaire du quartier. Il nous laisse en héritage des organismes qui assurent le bien-être de notre collectivité comme la Clinique communautaire et la Cité des bâtisseurs. Toujours impliqué et pertinent, il a mené plusieurs luttes sachant faire face aux vents contraires tout en gardant son humour légendaire. Sa vie témoigne de notre capacité collective de nous organiser pour défendre nos droits et améliorer notre qualité de vie quand on reste solidaires et engagés. Jean-Guy, je n’oublierai pas ce que tu m’as appris. Je souhaite qu’on poursuive le chemin que tu as ouvert et qu’on pourra bientôt te rendre hommage à la hauteur de tes contributions.

Jocelyne Bernier

Jean-Guy was an exceptional individual who truly understood the power of community engagement.

Dr Charles P Larson

Jean-Guy était un bâtisseur, un homme généreux et fidèle, déterminé et patient, avec un réservoir d’humour à toutes épreuves. Ce fut un privilège de travailler avec lui et naviguer les mers parfois houleuses de la Clinique. Une grande perte pour ses proches et pour Pointe Saint Charles. Paix à son âme. Jean-Guy, merci d’avoir été là

Louise Blais (à la Clinique de 1977 à 1981)

J’avais 22 ou 23 ans la première fois que j’ai rencontré Jean-Guy. Tout frais arrivé de la « région » dans la Pointe pour les études, j’ai eu à écrire un travail avec un camarade de classe sur un organisme de mon quartier dans un cours sur les mouvements sociaux à l’UQAM. On a choisi la Clinique, et Jean-Guy nous a reçu chez lui pour nous raconter l’histoire et la vision du projet. Presque 20 ans plus tard, je me souviens encore de la longue discussion politique qu’on a eue avec lui après la fin de l’entrevue. Il avait fini par nous dire: « Des fois je pense que ce que ça prendrait, c’est une révolution. Moi mes pancartes sont toutes prêtes au sous-sol! Allez-y les jeunes, c’est à vous autres de partir ça, moi m’a vous suivre. » Il y avait beaucoup d’amour en Jean-Guy, et toute a force qui lui fallait pour le faire rayonner autour de lui. Il est parti comme il a vécu, tout en douceur, et même s’il a eu une vie longue et bien remplie, dont tout le monde peut être fier, on ne peut que ressentir une grande tristesse à la suite de son départ. Salut Jean-Guy, merci pour tout ce que tu nous as légué; nous tâcherons de bien en prendre soin, afin de pouvoir nous aussi léguer un monde meilleur à la relève.

Pascal Lebrun

C’est toujours une triste nouvelle de voir partir une personne que l’on estime. Jean-Guy respirait la fibre communautaire, ce sentiment d’appartenance à sa communauté de vie, c’est-à-dire aux gens de son quartier.Jean-Guy était aussi un militant, un homme engagé sur un thème universel, la justice sociale pour tous et toutes. Il a conservé ses racines ouvrières et ses anecdotes sont devenues sa façon de raconter l’histoire et de dénoncer l’esprit bourgeois et mesquin de ceux qui nous exploitaient.Et moi, en tant que libertaire militant, je dirais que Jean-Guy vivait à sa manière ce que l’enseignant libertaire Albert Thierry identifiait comme le « refus de parvenir », bref, le refus d’être un parvenu. Formulé au début du XXe siècle dans le courant syndicaliste révolutionnaire, c’était le refus « de vivre et d’agir pour soi aux fins de soi », renoncer à la réussite personnelle pour la lutte collective. C’est une éthique exigeante de vie dont les héros et héroïnes inlassables, d’hier et d’aujourd’hui, sont moins rares et plus déterminés qu’on le pense.Jean-Guy a été ce genre de héros dans son quartier de Pointe-Saint-Charles. Je lui lève mon chapeau.

Marcel Sévigny

Jean-Guy Dutil fut le personnage principal du documentaire long métrage « Le chantier des possibles » qui a documenté l’histoire des luttes sociales dans Pointe-Saint-Charles, la lutte pour l’obtention du bâtiment 7 et la mise en place de la Cité des Bâtisseurs. Ce film sorti en 2016, que j’ai filmé durant de longues années faute de financement, je l’ai réalisé dans le bonheur et l’allégresse principalement à cause de lui. Jean-Guy était tellement à l’image du quartier! Un homme sympathique et chaleureux comme pas un, qui adore faire des blagues et rigoler, et surtout qui croit fermement au pouvoir de l’engagement citoyen.Jean-Guy était un homme de coeur, généreux de sa personne comme pas un, avec un bagage d’implication citoyenne incroyable. Il provient d’une génération de personnes qui oeuvraient chaque jour au service de la communauté de Pointe-Saint-Charles sans compter leur temps, des gens qui avaient plusieurs enfants à leur charge, qui cherchaient à défendre l’intérêt collectif et le droit des plus pauvres à vivre dignement. Il le faisait dans un esprit coopératif et dans une démarche d’éducation populaire constante. Il n’a jamais failli à la tâche et ne s’est jamais essoufflé, même rendu à un âge vénérable, ayant participé activement à la superbe réussite de la Cité des Bâtisseurs, implantée dans le quartier et qui offre des logements abordables gérés par les personnes âgées.Jean-Guy fut pour moi un personnage de film et un personnage tout court. J’adorais son humour, ses convictions et son franc parlé. J’ai aimé filmer cet homme et je suis restée en lien avec lui tellement il était attachant. Lorsqu’on se promenait dans le quartier et devant la Cité des bâtisseurs en chantier, il avait le don de parler aux gens sur la rue et aux inconnus, aux travailleurs et travailleuses envers qui il avait un grand respect. Il aimait les faire rire et c’était un signe d’amour et de solidarité incontestable. Il va me manquer comme il va manquer à nous tous. On ne t’oubliera jamais Jean-Guy ! Dommage que nous ne puissions pas souligner son départ rassemblés en grosse gang, c’était un homme de gang, et il y a tant de gens qui auraient souhaité être là! Je souhaite mes plus sincères condoléances à toutes les personnes qui l’ont aimé, à ses proches et à ses enfants. Aux portes du paradis déjà plein, St-Pierre a préféré laisser passer Jean-Guy, plutôt qu’un certain évêque. Malgré les protestations du Monseigneur, St-Pierre a invoqué que Jean-Guy méritait sa place, puisque lorsque le primat faisait ses sermons tout le monde dormait alors que lorsque Jean-Guy conduisait son minibus tout le monde priait (de toute façon, Jean-Guy a gagné son ciel!)

Ève Lamont Cinéaste, jardinière et utopiste

Même si je n’ai pas connu personnellement M. Dutil, je l’ai vu dans le vidéo de la clinique, lorsque je me préparais à passer mon entrevue d’embauche. C’est un homme inspirant, un citoyen remarquable par son implication pour ses semblables. Toutes mes sympathies à ses proches et sa famille.

Audrey Desbiens, infirmière

Quoi? Jean-Guy décédé? Impossible? Non? Un sourire enjoué, un ton chaleureux et amical, une vraie belle fleur de macadam, très longtemps sur celui de la rue Hibernia, pas mal longtemps sur celui de la rue de la Sucrerie, belle fleur toujours prête à repousser! Forgeron de métier, malgré les lourdeurs de ses tâches, toujours prêt à s’engager, par conviction, spirituelle et sociale, par amitié ou solidarité, dans de petites choses (célèbre parade de la Clinique dans les rues de la Pointe où il rit de bon coeur du comptable qui amena …sa chèvre et la perdit) mais aussi dans de grandes causes comme celle de la défense du caractère unique du contrôle citoyen des cliniques de santé ou de la rénovation des logements.Jean-Guy, un éternel rassembleur, bien heureux des solidarités en cours, reléguant bien des divisions amères au second plan, misant sur les contributions positives de chacun. Offrant ses fleurs de macadam aux ami-e-s comme aux inconnu-e-s : empathie, encore empathie!Bien attaché à nous et nous à lui, au fil de 50 années, notre affection s’entremêle à celle de tous ces réseaux si bien tissés, au coeur de la Pointe, et tout autour.Enveloppé de tant d’amitié et d’amour, tu pars en grande paix. Nous essaierons de suivre et élargir tes traces.

Noëlle Samson et Pierre Pagé

Jean-Guy D. « Est très ouvert à aider les groupes du quartier, comme le Comité des Assistés Sociaux, qui a pu loger dans un local de la Clinique pendant plusieurs années, gratuitement et gracieusement… . Et il le faisait avec bonne humeur et une bonne chaleur humaine… »

Madeleine Desnoyers, ex-permanente du Comité des assistés-sociaux de la Pointe.

Souvenirs sur mon voisin Jean-Guy Dutil

Par Renata Losakiewicz

I first met Jean-Guy about 45 years ago. I had applied for the job of night shift janitor at the Clinic on Fortune street, and he was president of the Board of Directors at the Clinic.  A short time after I left the employ of the Clinic, Jean-Guy became the General Coordinator of the Clinic. We continued over the years to collaborate on various projects. This extended to when I became a lawyer at the Community Legal Services. As he went from President of the Clinic Board to General Coordinator to Bus Driver, I went from Janitor to Director of the Legal Services to President of the Clinic Board. Our paths crossed often as opportunities to collaborate with each other. We also found time to play badminton together in the basement of St Columba house. I have many fond memories of our times together but what will remain with me the most vividly was his sense of humour and constant smile. He didn’t always have a reason to smile, but that was how he always greeted people.He will be missed by many.

Ernest Vaudry

Merci Jean-Guy pour ton travail formidable et de ta générosité d’esprit pendant des décennies

John Bradley, ancien employé de la Clinique communautaire et de GRT Bâtir son quartier

Bonjour Jean-Guy,

Ça m’a pris tout ce temps pour pouvoir te le dire. A ma souvenance, j’ai connu ta famille très jeune. J’allais à l’école avec une de tes filles. De toute façon on s’est côtoyé pratiquement toute ma vie. Avec ton départ, le communautaire tel que nous l’avons connu, perd encore de sa force et son unité! Que de batailles citoyennes nous avons fait. Que d’amour nous avions pour notre quartier et ses citoyens! Toutes ces personnes que nous avons côtoyées dont plusieurs nous ont quitté aussi!

A la clinique ou je travaillais dès 1970 et toi un peu après, nous avons passé de belles années à parler, discuter etc. toi comme membre du c.a. pour ensuite devenir le coordonnateur de la clinique.

Plus tard, à la Cité des Bâtisseurs ou je t’ai côtoyé au c.a. et par la suite en t’y rencontrant car ma mère y a habité.

Merci pour toutes ces belles discussions que nous avons eues.

Le communautaire qui change, nous l’avons si souvent discuté! Nos discussions me permettaient d’y croire encore, malgré tout! Tu me demandais d’y croire encore mais sans nos discussions ce sera plus difficile, je l’avoue.

Je regrette et regretterai encore longtemps ta présence. J’ai repoussé ce moment de te dire ce bonjour car il signifie pour moi, que ton départ est sans retour!

Merci pour tout et plus encore,

MICHELINE CROMP, CITOYENNE DU QUARTIER À QUI TU MANQUES ET MANQUERAS LONGTEMPS