Par Pierre Riley, président du conseil d’administration et Martial Mainguy, directeur général de la Clinique communautaire de Pointe-Saint-Charles

17/10/2025 | À la Clinique communautaire de Pointe-Saint-Charles, c’est avec grand intérêt que nous avons lu l’article de Pierre Saint-Arnaud Un rapport interne fait état du besoin de redresser le réseau des CLSC, publié dans La Presse du vendredi 17 octobre dernier. Nous partageons l’avis du Sous-ministériat à la santé physique et à la pharmaceutique – qui a rédigé ledit rapport – selon lequel les CLSC « doivent être redéfinis comme de véritables points de service de proximité sur leur territoire » – il s’agit même selon nous d’une urgence!
Le modèle que nous proposons et défendons à la Clinique depuis presque 60 ans est justement celui qui a servi d’inspiration pour le réseau des CLSC en 1974. Ces points de services, ancrés dans leurs quartiers respectifs, ont pendant quelques décennies offert une alternative à l’hôpital pour la majorité des problèmes de santé non-urgents en offrant un service de proximité à la population qui favorise l’accès aux soins. Malheureusement, les CLSC ont été gravement négligés au fil des ans, au point où ils ne sont plus que l’ombre d’eux-mêmes. Au fil des fusions dans le réseau de la santé, ils ont perdu leur véritable identité, c’est-à-dire une porte d’entrée en première ligne pour la communauté qu’ils desservent.
De son côté et depuis sa fondation en 1968, la Clinique communautaire de Pointe-Saint-Charles est résolument ancrée dans le quartier et gérée par un conseil d’administration composé essentiellement de citoyennes et de citoyens de « la Pointe ». Au fil des ans, chacune des réformes a contribué à centraliser un peu plus notre système de santé, menant aux mastodontes structurels que nous connaissons aujourd’hui. Pendant ce temps, notre Clinique faisait son petit bonhomme de chemin, parvenant de réforme en réforme à défendre sa précieuse autonomie et sa responsabilité populationnelle ultra-locale, notamment grâce au soutien indéfectible de la population de Pointe-Saint-Charles. À titre de comparaison, le CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal dessert un territoire qui regroupe plus 300 000 personnes. De son côté, notre organisme offre des services à un grand total de 16 000 citoyens et citoyennes. Il s’agit d’un avantage incomparable lorsque vient le temps d’avoir une connaissance approfondie de notre communauté en termes de soins.
Mais c’est justement notre petite taille, notre gestion citoyenne ainsi que notre approche de santé communautaire et territoriale qui nous permettent d’offrir des services de qualité, accessibles et arrimés aux besoins spécifiques du quartier. Elle permet également une agilité et une flexibilité qui se sont perdues dans les dédales d’un système de santé d’une complexité inextricable où les patients ne s’y retrouvent plus.
Si le gouvernement se soucie de l’efficacité de notre système de santé, il devrait urgemment voir à ce que les CLSC redeviennent des lieux de proximité où se rendent par réflexe les personnes qui ont besoin de soins de santé. Il nous apparaît évident qu’un réseau de CLSC solidement ancrés dans leurs communautés respectives – et adéquatement financés! – offrirait à la population des portes d’entrées claires vers un système de santé qui devient de plus en plus opaque et inaccessible. Nous invitons le ministre de la Santé à nous contacter s’il cherche des collaborateurs et collaboratrices pour remettre à flot notre réseau de CLSC amoché, puisque nous avons développé au fil des ans une belle expertise en santé communautaire et locale qui pourrait lui servir
