Montréal, le 25 février 2024 – Les récentes révélations sur les conditions des enfants en Centre jeunesse en Montérégie et sur les décès d’enfants suivis par la DPJ sont très inquiétantes. Sans parler des nombreuses nouvelles choquantes concernant la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) qui font régulièrement les manchettes. Un comité de parents, qui milite contre une inégalité des versements de l’Allocation canadienne pour enfants (ACE) lors du placement d’un ou des enfant(s) en Centre jeunesse, estime que les enquêtes menées par la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (CDPDJ) démontrent à quel point la DPJ n’est pas un modèle en ce qui concerne la protection des enfants. Clairement, les Centres jeunesse ne sont pas en mesure de protéger les enfants convenablement.
À la lumière de ces révélations, il semble important que les enfants passent le moins de temps possible en Centre jeunesse, et que les parents soient outillés au mieux pour jouer leur rôle parental. Rappelons que l’un des principaux objectifs de la loi relative à la Protection de la jeunesse est la réintégration de l’enfant (ou des enfants) au sein de la famille. Il est donc essentiel qu’un parent reçoive le soutien financier qui lui permettra d’assumer les besoins de son (ou ses) enfant(s) – hébergement, nourriture, vêtements, fournitures scolaires, etc. Pourtant, les familles se font retirer la totalité de l’ACE lorsque leurs enfants sont à la charge des Centres jeunesse, même lorsqu’il ne s’agit que de quelques jours par mois. Notons que cette manière de faire touche le plus durement les familles prestataires de l’aide sociale, surtout en contexte de crise du logement avec des prix de loyer très élevés.
Considérant que le placement en Centre jeunesse est souvent une mesure temporaire qui dure à peine quelques mois, il semble abusif et contre-productif de retirer l’ACE à des parents se trouvant dans une situation économique déjà précaire. Le maintien de l’allocation aux parents leur éviterait de voir leurs conditions économiques se détériorer davantage (par la perte du logement, par exemple), à plus forte raison lorsque la précarité représente un obstacle au retour de l’enfant (ou des enfants) dans la famille.
Les bonnes ressources aux bons endroits
La Clinique communautaire de Pointe-Saint-Charles, seul organisme à gouvernance citoyenne au Québec ayant pour mandat d’offrir des services de santé et services sociaux de type CLSC, accompagne depuis deux ans un comité de parents. Le comité provincial formule deux demandes pour le Ministre Carmant :
1) Lors d’une réintégration progressive de l’enfant dans son milieu, que l’ACE soit versée dans sa totalité au parent assumant cette réintégration ;
2) À la suite d’un jugement de placement de l’enfant sous la protection de la jeunesse avec un objectif de retour progressif en milieu familial, que l’ACE continue d’être versée au(x) parent(s) les deux premières années suivant le placement. Les familles vivant dans des conditions financières précaires méritent d’avoir les mêmes chances que les autres de pouvoir vivre à nouveau avec leurs enfants, dans la dignité. Surtout lorsque la DPJ brise son lien de confiance avec la population.
À propos de l’Allocation
Instaurée par le gouvernement Trudeau lors de son premier mandat (2016), l’Allocation canadienne pour enfants (ACE) a pour but de contrer la pauvreté des familles au pays. Cette allocation a remplacé la prestation fiscale canadienne pour enfants, y compris le supplément de la prestation nationale pour enfant (toute deux instaurées en 1998) et la prestation universelle pour la garde d’enfant (instauré en 2006). En janvier 2023 et janvier 2024, le gouvernement fédéral confirme au comité de parents que les gouvernements provinciaux ont une marge de manœuvre leur permettant de déterminer la meilleure utilisation possible des versements de l’allocation. C’est pourquoi le comité poursuit sa lutte auprès du gouvernement provincial, plus précisément auprès du Ministre Carmant.
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Renseignements ou entrevue :
Ariane Carpentier Organisatrice communautaire
514 937-9251, poste 7216 · ariane.carpentier.psch@ssss.gouv.qc.ca
